Domaine

A cette époque, le propriétaire est Jacques de Canolle, il est celui qui planta les premières vignes sur ces terres.

Le prix de vente du vin produit sur ce terroir est 3 à 4 fois plus élevé que le prix pratiqué en moyenne à cette époque, cela laisse déjà supposer d’un nectar d’une grande qualité. C’est en plus un domaine précurseur dans la production exclusive de vin rouge. Même s’il faudra attendre 1936 pour que ce beau jardin soit valorisé en AOC Saint-Emilion et 1954 en Saint-Emilion Grand Cru, la qualité du vin y est déjà connue.

Jean-Baptiste Villemenot est le propriétaire des terres ancestrales d’Edmus pendant une trentaine d’année à partir de 1792. La viticulture ne représentera à cette période que 13% du grand domaine de 200 hectares que possède ce négociant, ancien colon aux Antilles. C’est grâce à lui et à ses nombreux achats de propriété que l’exploitation s’est vu prendre de telle dimension. Malheureusement, après son décès en 1812, ses héritiers laisseront peu à peu le domaine livré à lui-même, sur une période de 12 ans.

C’est en 1824 que le Duc Decazes, Ministre d’Etat, fait l’acquisition de ces 200 hectares de terres d’un seul tenant autour de la commune de Saint Sulpice de Faleyrens. Cet achat est un placement foncier, il décide donc de donner la propriété en fermage à la famille Bonnet pour notamment, replanter de la vigne.

En 1833, le domaine est acheté par Romain-Bertrand et Ferdinand de Lur-Saluces, alors déjà propriétaires de l’emblématique Château Yquem. Ils entreprendront de grands travaux sous la supervision de Garros, l’homme d’affaires des Lur-Saluces. C’est alors qu’une immense restauration voit le jour afin de remettre en valeur les terres. Une très bonne décision quoique très couteuse. Elle permettra de faire revenir les vins du domaine sur le devant de la scène en tant que « meilleur cru » au même titre que « Ausone » ou « Beauséjour ».

Le passage des Lur-Saluces en terres Saint-Emilionnaises a clairement profité à la qualité des vins d’Edmus d’aujourd’hui. Un travail colossal sur 30 ans qui aura permis un agrandissement du domaine pour atteindre les 370 hectares et une restructuration du vignoble qui a profité à la qualité du vin.

« En descendant les coteaux de Saint-Emilion, le dégustateur trouve la différence dans le mérite des vins, car en effet, les uns et les autres ont des qualités qui leur sont propres. Tandis que les hauteurs de Saint-Emilion produisent des vins vigoureux, alcoolisés, longs à se faire, les sables de Saint-Sulpice produisent des vins fins, délicats, ayant un bouquet particulier et propre à être mis en bouteilles dès la troisième année » Edition Féret, 2ème Edition. Les terres ancestrales d’Edmus produisent à cette époque environ 100 tonneaux pour 40 hectares de vignes. C’est le plus gros exploitant en volume. En valeur, les vins sont vendus seulement 25% moins chers que les premiers crus de Saint-Emilion et bien au-dessus des vins de la même commune. C’est Emile Fornerod qui en est alors propriétaire.

25 ans après l’oïdium, la crise phylloxérique n’épargne que très peu le vignoble. Mais ici, à Saint-Sulpice, le phylloxera épargné quelques terrains, notamment les palus, semis inondés l’hiver, et les terrains sableux, que l’insecte ne peut coloniser à cause des mois pluvieux, et qui facilitent l’entretien grâce à sa perméabilité. Ainsi, le vignoble qui verra naître Edmus plus d’un siècle plus tard, survit, et malgré des rendements plutôt faibles, produit des vins d’une grande qualité. Le Comte de Roquette-Buisson propriétaire à cette époque, ira jusqu’à 70 hectares de production viticole. Les vins produits sur le domaine deviennent Crus Bourgeois et voient leur tarifs explosés, multipliés par deux voir deux fois et demi.

Le passage du domaine dans le XXème siècle lui réussit. Même si les quantités diminuent, la qualité des vins du domaine est reconnue et en fait un produit très recherché. C’est le Baron Arthur de Brezets, le nouveau propriétaire à ce moment qui bénéficie du cours le plus haut.

Le « vieux château » évoqué dans les cessions au duc Decazes et aux Lur-Saluces laisse place au « château », témoin d’une qualité liée à l’ancienneté et à l’origine aristocratique.

La famille Chariol, qui labourait déjà dans le domaine il y a plus de trois siècles, devient propriétaire après la 1ère Guerre Mondiale. Les guerres, les pluies diluviennes printanières, la crise économique bouleversent complètement le domaine, le visage de la propriété change alors et le nombre de vignes diminue… Le temps de la naissance d’Edmus était alors arrivé, le Phœnix renait de ses cendres.

C’est en 2007 que Philip Edmundson et Eric Remus acquièrent 5,8 hectares de vignes sur ces terres chargées d’une grande et belle histoire. Ils entreprennent de redonner au domaine et à sa production leur éclat historique comme l’illustre la devise du Château, «Renascetur Gloriosius », et le choix du Phœnix comme symbole de renaissance. Dès l’acquisition du domaine, ils ont fait appel à Stéphane Derenoncourt pour les aider dans la réalisation de leur objectif.

Objectif atteint puisque grâce à un travail collectif, méticuleux et passionné, le Château Edmus s’est vu ouvrir les portes de tables prestigieuses dans le monde entier : Paris, Boston, Londres, New-York, Tokyo, Shanghaï, Istanbul, Helsinki, Sofia…

25 octobre 2019, le Château Edmus s’installe dans une nouvelle ère grâce à l’arrivée de Laurent DAVID. Passionné par le vin depuis sa plus tendre enfance, ce bergeracois au parcours professionnel ancré dans les nouvelles technologies a réussi le pari un peu fou de vivre de ses deux passions : le vin et la tech’ !

Convaincu par une approche naturelle de la viticulture, il ne reprend que la plus belle parcelle du domaine, 1,6 hectare, domaine en gardant la même équipe de talents afin de poursuivre la destinée de ce terroir si singulier qui produit ce nectar tant désiré.